La question revient souvent lorsqu'on approfondit sa préparation : faut-il prévoir un double kit de survie ? Un kit spécifiquement pensé pour rester chez soi ("kit maison" ou "bug-in kit") et un autre optimisé pour une évacuation rapide ("kit à emporter", "sac d'évacuation" ou "bug-out bag") ? Si l'idée de spécialiser son matériel peut sembler logique, elle n'est pas toujours la plus pratique ni la plus sereine. Analysons les tenants et aboutissants pour faire un choix adapté à votre situation.

Évaluer. Simplifier. Adapter.

La logique derrière deux kits distincts

L'idée d'un double kit de survie part d'un constat simple : les besoins et les contraintes ne sont pas les mêmes si l'on doit rester confiné chez soi ou si l'on doit évacuer précipitamment.

• Rester chez soi (confinement, "bug-in") : En cas de coupure de courant prolongée, d'intempéries bloquant les déplacements, ou de consigne de confinement sanitaire ou autre, l'objectif est de maintenir un certain niveau de confort et d'autonomie à domicile. Le poids et l'encombrement du matériel sont moins critiques. On peut prévoir plus de réserves d'eau, de nourriture variée, des solutions de chauffage d'appoint, plus d'éléments de confort. L'organisation du quotidien est clé, comme détaillé dans notre guide sur le black-out.
• Partir (évacuation, "bug-out") : En cas d'incendie, d'inondation soudaine, de risque chimique ou d'ordre d'évacuation, la priorité est de quitter les lieux rapidement et en sécurité, avec le strict nécessaire pour tenir 72h en autonomie. Le poids, l'encombrement et la mobilité sont les critères principaux. Le matériel doit être compact, léger et facile à transporter, souvent dans un sac à dos.

Face à ces deux logiques apparemment distinctes, l'idée d'un double kit (un lourd et confortable pour la maison, un léger et mobile à emporter) semble séduisante.

Les inconvénients de gérer un double kit de survie

Cependant, gérer deux kits distincts présente plusieurs inconvénients non négligeables :

• Coût doublé ; il faut acheter en double une grande partie du matériel essentiel (filtre à eau, réchaud, lampe, radio, trousse de secours...).
• Gestion complexifiée ; vérifier les dates de péremption, l'état des piles, l'intégrité du matériel demande deux fois plus de temps et d'organisation. Le risque d'oublier un des kits est réel.
• Moins de flexibilité ; que faire si vous êtes surpris par un ordre d'évacuation alors que vous pensiez rester chez vous ? Votre "kit maison" sera trop lourd et inadapté au transport. Inversement, si vous devez finalement rester confiné avec votre seul "kit à emporter", vous manquerez peut-être de confort ou de réserves.
• Charge mentale accrue ; devoir penser à deux scénarios distincts et à deux matériels différents peut ajouter du stress à la préparation.

La spécialisation excessive peut nuire à la simplicité et à la polyvalence, qui sont pourtant des atouts maîtres en situation de crise.

L'approche unifiée : un kit de survie 72h principal et des compléments

Une solution plus simple, plus économique et souvent plus efficace consiste à préparer un seul kit de survie 72h principal, pensé pour être transportable, et à le compléter par des modules ou des réserves supplémentaires stockés à domicile.

Le principe :

1. Constituer un kit 72h "à emporter" solide et complet ; c'est votre base, celle qui contient le strict essentiel pour survivre 3 jours en autonomie, quel que soit le lieu. Il doit être dans un sac à dos, prêt à être saisi en quelques secondes. C'est ce que propose Le Kit Survie.
2. Ajouter des réserves "maison" ; stockez à domicile des réserves supplémentaires d'eau (bidons), de nourriture non périssable (conserves, denrées sèches...), de consommables (piles, gaz, bougies, produits d'hygiène...). Ces réserves viendront compléter votre kit si vous devez rester chez vous plus longtemps ou si vous avez besoin de plus de confort.
3. Prévoir des modules "confort maison" ; vous pouvez avoir à domicile des éléments plus lourds ou spécifiques pour améliorer le quotidien en cas de confinement : un réchaud plus performant, une lanterne d'ambiance, plus de jeux, des vêtements plus chauds, une trousse pharmacie plus complète... Ces éléments ne sont pas destinés à être emportés.

Cette approche offre le meilleur des deux mondes :

• Polyvalence ; vous êtes prêt à évacuer rapidement avec l'essentiel.
• Autonomie renforcée à domicile ; si vous restez chez vous, vous bénéficiez de réserves et d'un confort accrus.
• Gestion simplifiée ; vous n'avez qu'un seul kit principal à vérifier et entretenir régulièrement. Les réserves maison demandent moins d'attention (rotation des stocks alimentaires principalement).
• Coût optimisé ; vous ne doublez que les consommables (eau, nourriture, piles...), pas le matériel coûteux.

Adapter la stratégie à votre situation

Bien sûr, ce modèle unifié peut être adapté. Si vous avez une résidence secondaire pensée comme un refuge potentiel (une Base Autonome Durable - BAD), il peut être judicieux d'y prévoir un kit dédié ou du moins des réserves conséquentes pour ne pas avoir à tout transporter. De même, avoir un kit minimaliste (voir notre guide) en permanence dans sa voiture est une excellente précaution complémentaire.

L'essentiel est de trouver le système qui vous semble le plus simple, le plus fiable et le plus adapté à vos scénarios les plus probables, sans tomber dans une complexité qui nuirait à votre sérénité et à votre capacité de réaction. La simplicité est souvent gage d'efficacité, surtout lorsqu'il faut se préparer à l'imprévu.

Voici les ressources utiles pour aller plus loin :

• Le guide complet du kit 72h (pour la base unifiée) ;
• Tenir 72h en ville (scénario confinement/évacuation) ;
• Les erreurs à éviter dans un kit (pour rester simple et pertinent).