Quand le noir se fait soudain, total, et que le silence électrique recouvre la ville ou la maison. Quand les écrans s'éteignent, que les appareils se taisent et que le familier bascule dans l'inconnu. C'est le black-out. Comment retrouver un rythme, une structure, lorsque les repères habituels disparaissent pendant quelques jours ?

Organiser son quotidien durant un black-out de 72 heures n'est pas une course contre la montre, mais plutôt l'art de tisser de nouveaux fils de normalité dans une trame différente. C'est préserver le calme, prendre soin des besoins essentiels et maintenir le lien, avec soi-même et avec les autres.

S'arrêter. Respirer. Organiser.

Black-out : L'instant zéro, les premiers réflexes calmes

La première réaction face à l'inattendu conditionne souvent la suite. Avant de penser aux trois jours à venir, quelques gestes simples permettent de sécuriser l'immédiat et d'apaiser l'esprit.

• Vérifier l'étendue : Est-ce juste votre logement, votre immeuble, votre quartier ? Un coup d'œil par la fenêtre ou chez les voisins immédiats donne une première indication.
• Sécuriser les appareils : Débrancher les appareils électroniques sensibles (ordinateurs, télévisions) peut les protéger d'éventuelles surtensions lors du retour du courant. Éteindre les plaques de cuisson ou autres sources de chaleur restées allumées.
• Trouver la lumière : Localiser immédiatement votre source de lumière d'appoint (lampe de poche, frontale) rangée dans un endroit connu. Éviter de se déplacer dans le noir complet pour prévenir les chutes.
• Respirer : Prendre quelques instants pour accepter la situation. La panique est mauvaise conseillère. Avoir anticipé, même modestement, aide grandement à garder son calme.

Cette phase initiale est cruciale. Elle pose les bases d'une gestion sereine des heures qui suivront.

Gérer les besoins essentiels sans électricité

Pendant 72 heures, l'autonomie repose sur ce qui a été prévu et sur une gestion raisonnée des ressources disponibles. Le confort moderne disparaît, mais les besoins fondamentaux demeurent.

L'Eau : Précieuse et limitée

L'accès à l'eau potable peut être compromis si les pompes du réseau ne fonctionnent plus.

• Utiliser les réserves : C'est le moment d'ouvrir les bouteilles d'eau stockées. Rappelez-vous les recommandations de base, comme celles évoquées dans notre guide sur les conseils de la Croix-Rouge : au moins 1,5 à 2 litres par personne et par jour pour boire.
• Économiser : Chaque goutte compte. Réduire l'eau utilisée pour l'hygiène (privilégier les lingettes), ne pas laisser couler l'eau inutilement.
• Sources alternatives (avec prudence) : Si vous avez un récupérateur d'eau de pluie ou accès à un puits, cette eau n'est généralement pas potable sans traitement (ébullition si possible, ou filtration/purification chimique).

L'Alimentation : Simplicité et anticipation

Oubliez les plats mijotés. La priorité est de se nourrir sans cuisson complexe ou réfrigération.

• Consommer le frais d'abord : Vider le réfrigérateur (si la coupure dure) en commençant par les aliments les plus périssables, tant qu'ils sont encore frais.
• Ouvrir les réserves : C'est là que le stock de conserves, de plats préparés non périssables, de barres énergétiques, de fruits secs prend tout son sens. Pensez à l'ouvre-boîte manuel !
• Repas froids : Composer des repas simples et froids. L'important est de maintenir un apport calorique suffisant.

Un kit de survie bien pensé inclut souvent une base alimentaire pour ces situations.

La lumière : Chasser l'obscurité

L'absence de lumière artificielle change radicalement la perception du temps et de l'espace.

• Lampes autonomes : Lampes de poche (à piles, dynamo, solaires), lampes frontales (pour garder les mains libres), lanternes de camping à LED offrent une lumière sûre et durable.
• Bougies (avec grande prudence) : Elles créent une ambiance, mais présentent un risque d'incendie. À utiliser sur des supports stables, loin de tout matériau inflammable, et jamais sans surveillance. Ne pas s'endormir avec une bougie allumée.
• Optimiser la lumière naturelle : Organiser les activités principales pendant la journée, près des fenêtres.

La chaleur ou la fraicheur : Maintenir le confort thermique

Selon la saison, maintenir une température corporelle stable est vital.

• En hiver : S'habiller chaudement (multicouches), utiliser couvertures et duvets, se regrouper dans une seule pièce pour conserver la chaleur corporelle. Fermer les portes des pièces inutilisées. Ne jamais utiliser de chauffage d'appoint improvisé à l'intérieur (risque d'intoxication au monoxyde de carbone).
• En été : Rester hydraté, chercher les endroits les plus frais de la maison, ventiler la nuit si possible, porter des vêtements légers, utiliser des brumisateurs manuels si vous en avez.

L'Hygiène : Gestes simples, moral préservé

Maintenir une hygiène de base est important pour le bien-être et pour éviter la propagation de microbes.

• Lingettes et gel hydroalcoolique : Pour une toilette sommaire et la désinfection des mains.
• Toilettes : Si la chasse d'eau ne fonctionne plus (pompes à l'arrêt), prévoir une solution alternative (sacs dédiés, seau avec couvercle...).
• Gestion des déchets : Stocker les déchets dans des sacs bien fermés pour éviter les odeurs et les nuisibles.

Maintenir le lien et l'information

L'isolement peut être difficile à vivre. Rester connecté, même sans technologie, est essentiel.

Communiquer sans réseau

Téléphones portables et internet risquent d'être inutilisables.

• Radio à piles/dynamo : C'est le moyen privilégié pour recevoir les informations et consignes officielles des autorités. Avoir noté les fréquences des radios locales est utile.
• Le voisinage : Aller voir ses voisins (en journée, prudemment) pour échanger des informations, s'assurer que tout le monde va bien, offrir ou demander de l'aide.

Savoir comment interpréter les consignes officielles reçues par radio est alors précieux.

Organiser le temps et l'espace : Un nouveau rythme

Les journées peuvent sembler longues sans les distractions habituelles. Structurer le temps aide à garder un sentiment de contrôle.

Structurer les journées

Établir une routine simple : heures de lever et de coucher calées sur la lumière naturelle, moments dédiés aux "tâches" (vérifier l'eau, préparer un repas froid, écouter la radio), temps calmes.

Gérer le moral et l'attente

L'incertitude peut être anxiogène.

• Activités calmes : Lecture (à la lumière naturelle ou lampe), jeux de société, dessin, écriture, discussions...
• Rester actif physiquement : Faire quelques étirements ou exercices doux si l'espace le permet.
• Soutien mutuel : Parler de ses ressentis, rassurer les enfants, maintenir une atmosphère aussi sereine que possible.

Le rôle central du Kit de Survie 72h

C'est précisément dans ce type de scénario qu'un kit de survie 72h, parfois appelé "kit coupure électricité", révèle toute sa pertinence. Il ne résout pas tout, mais il fournit les outils et ressources de base pour couvrir les besoins essentiels évoqués plus haut : eau, nourriture d'appoint, lumière, premiers soins, radio, couverture de survie... Avoir ce matériel déjà rassemblé et prêt à l'emploi libère l'esprit et permet de se concentrer sur l'organisation du quotidien et le bien-être de sa famille.

Penser collectif : L'entraide voisine

Un black-out est aussi une épreuve collective. L'entraide entre voisins peut faire une différence considérable. Partager des informations, mutualiser certaines ressources (si possible et pertinent), prendre des nouvelles des plus isolés... Ces gestes renforcent la résilience de la communauté. C'est un aspect clé de la survie urbaine, où l'interdépendance est forte.

Traverser un black-out de 72 heures est une expérience qui ramène à l'essentiel. Loin d'être une catastrophe insurmontable lorsqu'on s'y est un peu préparé, elle peut devenir une parenthèse pour redécouvrir un autre rythme, plus lent, plus conscient des ressources et des liens humains.

Avez-vous déjà pensé à ce que contiendrait votre propre organisation pour tenir ces quelques jours ? Le simple fait d'y réfléchir est un premier pas vers plus de quiétude.